Coencas: «Roger nu2019a pas payé. Ju2019ai toujours 30% de Servette!»
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Football - Marc Roger dit depuis longtemps détenir 87% des actions. Problème: cu2019est faux!
DANIEL VISENTINI
Publié le 31 janvier 2005
Marc Roger n'en est plus à une approximation près. Mais là, tout de même, ses «tartarinades» deviennent un peu grosses. Et ses «vérités» boitent bas. Depuis longtemps, le Français affirme, avec l'aplomb qu'on lui connaît, posséder 87% des actions de Servette.
Au vu de la tournure prise par les événements au moment justement où il s'agit de lâcher ses parts «pour un franc symbolique», comme il se plaît à le rappeler, nous nous sommes penchés sur la question. D'autant plus que Roger a rendez-vous cet après-midi à la Chambre commerciale du Tribunal de première instance, afin que le juge Chenaux fixe l'avenir de Servette. Un nouvel élément ne manquera pas d'attirer toute l'attention du magistrat.
Jugez plutôt: un coup de fil, au dernier actionnaire important de Servette, Michel Coencas, a suffi. Souvenez-vous, Coencas détenait 30% du club il y a un an, et lorsque Marc Roger est arrivé, celui-ci s'est chargé de négocier, à Paris, le rachat des parts. Il assurait que tout était en ordre. Il a manifestement omis un détail: Marc Roger n'a jamais payé Michel Coencas! Et ce dernier n'a donc jamais donné les 30% d'actions.
L'explication des retardsu2026
Il le confirme lui-même: «Il devait me payer le 31 mars de l'année dernière, je n'ai rien reçu, explique Michel Coencas. J'ai tenté de le joindre, obtenu trois rendez-vous. Il m'a à chaque fois posé un lapin. J'ai l'impression que même son avocate, Me Fauconnet, est excédée par les agissements de ce monsieur. Enfin bref, dans ces conditions, j'ai bien sûr conservé mes 30% d'actions de Servette. Elles reposent chez un avocat à Genève.»
Décidément, cerné par ses «arrangements» avec la vérité, Marc Roger quittera Servette et Genève par la petite porte. Reste à savoir s'il laissera un club en faillite derrière lui. Car cette dernière donne dans l'actionnariat est peut-être la source des retards dans la finalisation du rachat par le groupe des Moyens-Orientaux.
Tenu à l'écart des négociations, Michel Coencas s'est signalé samedi auprès de Pierre Aeschlimann et de Me Droz, proche des racheteurs évoqués. «Je leur ai indiqué mes conditions pour la vente de mes actions, précise Coencas. Car je me dis que si Marc Roger négocie pour des choses qu'il ne possède pas, je ne veux pas qu'il empoche la somme. Vous savez, je crois que ce monsieur est un peu «spécial». Et que Servette et Genève méritent mieux que ça.»
Et la part de Sanz?
Selon nos informations, les prétentions de Michel Coencas sont raisonnables et un terrain d'entente aurait déjà été trouvé avec les investisseurs moyens-orientaux, prêts à racheter ses 30%.
Le calcul est maintenant simple: 87% moins 30%, cela ne laisserait «que» 57% des actions du club grenat à Marc Roger. Vraiment? Il faut se souvenir de ses propres déclarations, corroborées par le clan des Espagnols, d'ailleurs. Il semble bien que Lorenzo Sanz aurait pris 20% des parts d'Avenir Football Investissement SA, la société détentrice des actions de Servette, créée lors de l'arrivée de Roger.
Si tel est le cas, Sanz pourrait bien être à la tête de 20% des 57% restants à Roger. Soit 11,4% des actions. Ce qui réduirait d'autant la part de Marc Roger pour la fixer à moins de 46%! Au lieu de 87%... Les autres actionnaires sont connus, il s'agit de M. Vinas (10%), la famille Weiller (2%) et Olivier Maus (1%).
Bref, Marc Roger est face à ses «vérités». Le masque tombe chaque jour un peu plus. Mais Servette, lui, évitera-t-il la chute qui entraîne le Français? Le groupe moyen-oriental réussira-t-il malgré tout cela à trouver un terrain d'entente avec Marc Roger et ce avant la séance au tribunal?
Premier élément de réponse devant le juge, aujourd'hui en fin d'après-midi.
La perte devrait avoisiner les 12,5 millions
L'expert mandaté en urgence le vendredi 21 janvier par le juge Chenaux (de la Chambre commerciale du Tribunal de première instance) n'a pas chômé les jours suivants. La fiduciaire genevoise située aux Eaux-Vives, Berney Associés SA, a déposé son rapport devant le juge mercredi dernier en fin d'après-midi ainsi que prévu. Le mandat a donc été respecté dans les délais grâce à de gros efforts.
«Une équipe de cinq personnes a travaillé d'arrache-pied pendant trois jours. Je ne ferai aucun commentaire sur ce rapport car le juge vient d'en prendre connaissance» a expliqué l'expert mandaté, Charles Berney. Il n'a donc pas été possible d'en savoir plus pour l'instant de source officielle. Mais selon nos informations, les conclusions de l'audit n'ont pas débouché sur de grosses surprises. Les estimations de découvert parues jusqu'ici, soit environ 11 millions de francs, semblent proches de la réalité. Le montant de la perte devrait en effet avoisiner les 12,5 millions. Le juge dispose donc de nouvelles pièces pour se faire une idée de la situation financière du Servette et, fort des conclusions de l'audit, attend toutes les parties concernées demain dans son bureau pour se prononcer sur l'avenir du club.
Edouard Bolleter
Quelle:
Tribune de Geneve